Loin d'être cicatrisé, le trou dans la couche d'ozone a atteint en septembre l'une des plus importantes superficies de son histoire, l'équivalent de l'Amérique du Nord au grand complet.
Malgré ce record, qui ne les surprend guère, les chercheurs ont bon espoir de voir le trou se résorber vers le milieu du siècle.
C'est le 12 septembre dernier que le fameux «trou» a atteint cette taille, la cinquième en importance depuis le début des observations scientifiques, en 1962, a révélé hier le National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA).
Le trou, plutôt que de se refermer, a ainsi pris de l'expansion entre 2007 et 2008, une situation que l'on attribue en grande partie aux froides températures de la stratosphère.
«Nous sommes actuellement dans une période de maximum pour le trou d'ozone, explique Michel Bourqui, professeur de sciences atmosphériques à l'Université McGill. Cette période devrait durer encore quelques années, après quoi le trou devrait commencer à se refermer.»
Fait intéressant, les concentrations de CFC, ces gaz industriels responsables de l'amincissement de la couche d'ozone, commencent à décliner, selon M. Bourqui. Cela signifie que les premiers CFC, qui ont commencé à être utilisés de façon industrielle dans les années 50, arrivent à la fin de leur durée de vie (entre 50 et 100 ans).
«On estime que le trou devrait revenir aux concentrations de 1970 autour de 2050. Cela, parce qu'il faut beaucoup de temps pour éliminer les CFC de la stratosphère», précise M. Bourqui.
La taille maximale du trou observée cette année était d'un peu plus de 27,2 millions de km2, avec une profondeur de 6 km. C'est légèrement moins que le grand record de 29,5 millions de km2 atteint en 2006.
«Les fluctuations peuvent être très importantes d'une année à l'autre, selon la force du vortex polaire, note Patrick Ayotte, professeur-chercheur en chimie à l'Université de Sherbrooke. C'est dû en partie à la masse continentale de glace qui recouvre l'Antarctique, qui provoque ce vortex.»
La couche d'ozone est en quelque sorte le parasol de la terre. Elle protège les organismes vivants, dont les hommes, des rayonnements ultraviolets (UV) émis par le soleil. Les CFC produits par l'homme, que l'on trouvait surtout dans les bombes aérosols, les réfrigérateurs et les autos, provoquent chaque année une réduction massive de l'ozone (familièrement appelée un «trou») au-dessus du pôle Sud et, plus légèrement, au-dessus du pôle Nord.
C'est au milieu des années 80 que la communauté scientifique a constaté que la couche d'ozone s'amincissait, ce qui permettait aux rayons UV de pénétrer plus facilement dans l'atmosphère.
Cette situation a aussitôt été portée à l'attention de la communauté internationale, en raison de l'effet néfaste des rayons sur les cultures, sur la croissance des forêts et, surtout, sur la santé humaine. Les UV peuvent en effet s'attaquer aux yeux, faire vieillir prématurément la peau, voire provoquer des cancers de la peau.
Voilà pourquoi la communauté internationale a su agir avec célérité dans ce dossier. En 1987 à Montréal, 188 pays ont signé un traité international salué depuis pour son grand succès.
Ce protocole visait la réduction progressive de la consommation, de la production et de l'exportation de huit substances néfastes pour la couche d'ozone, notamment les CFC, qui ont été interdits dès 1996.
L'année dernière, les signataires ont célébré les 20 ans de l'accord en le resserrant un peu. Réunis à Montréal, ils se sont engagés à abandonner l'utilisation d'un autre gaz nocif pour la couche d'ozone - les hydrochlorofluorocarbones (HCFC) - 10 ans plus tôt que prévu (2020 pour les pays industrialisés, 2030 pour les pays en développement).
François Cardinal /La Presse