QUEBEC — Le premier ministre Jean Charest s'apprête à plonger le Québec dans une nouvelle campagne électorale pour des motifs strictement partisans, ont accusé mardi les partis d'opposition.Après avoir admis, la veille, qu'il songeait à déclencher des élections, M. Charest a subi les foudres des adéquistes et des péquistes lors de la période de questions à l'Assemblée nationale.
Les deux formations ont reproché à Jean Charest de se laisser guider par les sondages plutôt que par l'intérêt supérieur de la nation.
"Le premier ministre garde les yeux sur les sondages. Il agit, à mon point de vue, en irresponsable en laissant la porte ouverte à des élections hâtives et il demeure sourd aux appels de la population qui n'en veut pas", a lancé la chef du Parti québécois Pauline Marois, au cours d'un débat houleux.
"J'ai l'impression qu'il est à peu près le seul, au Québec, à vouloir des élections", a-t-elle ajouté, sur le ton de l'outrage.
Mme Marois répète ne pas vouloir d'élection, en dépit du ton menaçant pris en fin de semaine dernière par le député de Richelieu, Sylvain Simard, qui avait évoqué un vote pour renverser le gouvernement.
L'Action démocratique du Québec, au plus bas dans les sondages, redoute aussi les lendemains d'un scrutin en décembre.
Depuis qu'ils ont pris connaissance des visées électorales de Jean Charest, les leaders des deux partis d'opposition ne cessent de répéter qu'ils sont prêts à collaborer avec le gouvernement.
En pleine crise financière mondiale et en période de profonde incertitude économique au Québec, l'heure n'est pas aux élections mais à l'action gouvernementale, ont-ils fait valoir dans une rare expression unanime.
"Est-ce que le premier ministre se rend compte qu'il va paralyser l'action gouvernementale pendant près de deux mois au moins en allant en élection?", a dit la chef péquiste.
Son vis-à-vis adéquiste, Mario Dumont, tient le même discours.
Au moment même où "2500 Américains par jour perdent leurs maisons" en raison de la débâcle boursière mondiale, le premier ministre du Québec pense à sa réélection, a fulminé M. Dumont.
Or, la situation commande plutôt de mobiliser la Caisse de dépôt, Investissement Québec, la SGF, les fonds fiscalisés, Desjardins, le Fonds FTQ, Fondaction CSN, le Mouvement Desjardins et les banques "pour éviter le pire", a-t-il analysé.
"Alors qu'il aurait dû concentrer son attention sur les chiffres de l'économie, il a eu le nez dans les chiffres des sondages", a lâché le leader de l'ADQ, plus tard en point de presse.
Le premier ministre Charest s'est défendu de négliger la situation économique, rappelant qu'il avait mis sur pied "trois tables de vigilance" et rencontré ces derniers jours les grandes pointures des institutions financières québécoises.
Pour le reste, il est demeuré imperturbable. Malgré leurs mains tendues, l'ADQ et le PQ ont des programmes qui ont peu à voir avec l'économie, a-t-il soutenu.
Pendant que l'ADQ milite pour rouvrir la constitution, le PQ veut faire de la souveraineté l'enjeu de la prochaine campagne électorale, a résumé le premier ministre
Presse Canadienne