---Je disais donc, mon cher Max que c'était apparemment un homme sans histoire mais comment en être sûr car à moins qu'il y ait eu erreur sur la personne, hum!!!
---Oui, quoi d'autre, je te prie?
---Je n'ose pas m'avancer trop loin dans mes soupçons, mais j'ai remarqué dans mes dossiers de crimes non résolus, qu'un certain Lego avait eu recours aux service de notre agence parce qu'il se sentait poursuivi par un inconnu, on a mis notre meilleure détective sur l'affaire mais il a abandonné son enquête deux semaines plus tard, prétextant qu'il n'avait vu personne rôder autour du pavillon ni à la compagnie Padair pour qui la victime travaillait, ni chez lui, ni ailleurs.
--Sans doute que le suspect a vu qu'il était surveillé et a décidé de ne pas se montrer, juste le
temps de déjouer l'agent détective?
--Ton hypothèse est sans doute bonne, Max, mais que veut bien signifier ce billet de lotto non
coché, sans combinaison aucune, sans mise et nullement validé?
--As-tu pensé prendre des empreintes digitales sur ce fameux billet?
--Oui, tu comprends bien, on en aura les résultats lorsque le labo les aura examinées.
--Curieux, bizarre, toute cette affaire, ouais, on est devant une affaire vraiment mystérieuse.
--Sais-tu ce à quoi je pense en ce moment, Lafouine?
--Non Max mais je sens que je vais le savoir.
--Ce billet de lotto invalide et ce montant symbolique de 20$, ça me donne drôlement l'impression qu'il s'agit d'une dette de jeu.
--Tu détiens peut-être un morceau du puzzle, Max, écris ça dans ton rapport, sait-on jamais!
Une limousine Lincoln arrive au pavillon, c'est Misti Lapuce, la femme de la victime, Jacques lego. La dépouille de son mari git encore sur le paillasson devant le porche, elle fond en larmes, elle s'agenouille près de lui, elle devient hystérique. Une scène douloureuse s'offre aux yeux de Lafouine et de Max.
Les analyses du labo sont terminées. Lafouine et Max examina le rapport du médecin légiste
– D’après le toubib, il a été tué entre dix-neuf et vingt et une heures hier soir, il te donnera une heure plus précise demain. La balle a traversé le crâne et on l’a retrouvée dans le mur d’entrée. Selon les premières suppositions des gars du labo, le tireur était à moins de cent cinquante mètres. Les policiers du coin ratissent les bois à la recherche d’un indice.
– Qui a découvert le corps ?
– Un voisin, Pierre Parchési qui partait au travail ce matin et voulait l’inviter à prendre l’apéro du soir l’a découvert ce matin vers huit heures; il a appelé le commissariat aussitôt.
– Quoi d’autre dans le dossier ?
– Eh bien, la porte d’entrée était ouverte et le voisin dit que le téléphone était décroché; il l’a remarqué quand il est entré pour appeler la police. Et puis il y a ce billet de loto que vous avez entre les mains.
Le commissaire réfléchit quelques instants.
– Bon, pour commencer, la routine. Avec Tout-à-loupe, vous me décortiquez le passé de la victime, la famille, les amis, les relations de travail, tout le trin trin quoi. Vous voyez le topo ?
– Oui, patron.
– Vérifiez à sa banque s’il y a dans les rentrées de Lego quelque chose qui pourrait correspondre à un gain au loto. Pour ma part, je vais contacter les Casinos, ils vont avoir à faire tourner leurs ordinateurs…
– Vous avez une idée derrière la tête, patron ?
– Non, pas exactement; mais si ce ticket de loto a une signification quelconque, il faut fouiller dans cette direction. De toute façon, on se retrouve à cinq heures dans mon bureau pour faire le point. Allez, au boulot. Moi, je vais d’abord cuisiner un petit peu plus ce voisin qui a découvert le corps.Le commissaire s’assit dans un fauteuil qui venait plutôt de chez un antiquaire Bobois et alluma un cigare de la Havane. D’abord pour s’imprégner du cadre de vie de la victime. Il fit quelques ronds de fumée tout en jetant un regard circulaire, un intérieur typique de cadre dynamique, sans trop d’ostentation."Ça va être coton" pensa-t-il. Comme prévu, la déposition du voisin n’apporta pas grand chose. Jacques Lego était un type apprécié et respecté. On ne lui connaissait évidemment pas d’ennemi.
– Vraiment, commissaire, je n’arrive pas à imaginer que quelqu’un a pu vouloir tuer Jacques.
– Pourtant quelqu’un l’a fait. A propos, pas un mot à la presse sur cette histoire du billet dangereux; en dehors de nous, vous êtes le seul à connaître ce détail et je le communiquerai en temps et en heure, après quelques vérifications.
– Bien, commissaire.
– Vous êtes certain que le téléphone était décroché quand vous avez appelé la police ce matin ?
– Positif, je vous le jure, commissaire. J’étais certainement bouleversé, mais un truc pareil, je ne peux pas me tromper.
– Je vous remercie, monsieur Parchési; je suppose que vous avez donné vos coordonnées à mes hommes? Passez-moi un coup de fil si jamais un détail vous revient en mémoire.
Après les salamalecs d’usage, le voisin fut reconduit à la porte. Le commissaire prit le téléphone :
– Allô, Québec Télécom, ici le commissaire Max, pouvez vous me passer monsieur Delorme?
Bruno Delorme avait collaboré avec le commissaire Max dans un passé récent pour résoudre un problème de corbeau et ils avaient sympathisé.
– Max à l’appareil. Bruno, j’ai besoin de tes services. Urgent. Peux-tu me trouver l’origine des appels qui ont été passés à un certain Jacques Lego à Parc National, numéro 46 37 44, dans la soirée d’hier soir entre, disons, dix-huit heures et vingt-deux heures; combien de temps te faut-il pour me trouver cela ?
– Pour toi, je dois pouvoir trouver ça en une demi-heure. Où dois-je te rappeler ?
– Au numéro de Lego… je te raconte le pourquoi et le comment quand tu me rappelles, OK
Max raccrocha et se servit du Minitel pour avoir les coordonnées du responsable du Casino d’Ottawa. Il prit rendez-vous
avec le directeur de l’informatique pour le début de l’après-midi. Les gens du labo continuaient à relever les empreintes
digitales dans la maison, au cas où. Mais il en était persuadé, on ne trouverait que celles des proches et amis; pourtant c’est bien cette routine fastidieuse qui fait la grandeur du métier de flic.
Delorme le rappelait:
– En fait, il n’y a eu que deux appels à ce numéro ; le premier, entre dix-huit heures trente-sept et dix-huit heures quarante-neuf, qui venait d'Hawaï, l’abonnée est une Mme Lego.
– Probablement sa mère, dit le commissaire Max. Sa femme et ses enfants sont là-bas.
- Le deuxième appel a été fait à partir d'un cellulaire appartenant à un abonné de Télus Québec, résidant dans la ville d'Ottawa. C'est tout ce que je peux te dire pour l'instant car je suis à vérifier plus à fond sa provenance afin de pouvoir identifier sans aucun doute le nom de cet abonné. Je ne sais pas par quel stratagème, M. le Commissaire, mais c'est sûrement quelqu'un qui connaît des trucs pour brouiller les numéros de téléphone, les techniciens de Télus ne parviennent pas à tout démêler les circuits informatisés qui conduisent à l'utilisateur de leur service appel. Je continue à travailler là-dessus et je vous donne d'autres nouvelles qui, je l'espère, seront concluantes.
--D'accord, M. Delorme, j'attends de vos nouvelles, je reste ici, n'oubliez pas mon numéro.
--Non, non, M. le Commissaire, je l'ai en note.
--À plus, M. Delorme, vous faites un bon travail.
Comme il ne faut rien négliger dans ces affaires de meurtres gratuits, le commissaire Max demanda à Lafouine d'aller fouiner un peu dans le sous-sol du pavillon au cas où il y dénicherait quelques indices qui feraient avancer l'affaire.
--Lafouine, tu es curieux comme une belette, veux-tu aller mettre ton nez dans les affaires de Lego au sous-sol. Vérifie encore une fois, on n'est jamais assez méticuleux dans nos enquêtes.
--Ok, patron, j'y descends à l'instant, comme un seul homme.
Max se délecte de son cigare de la Havane et, les deux pieds sur le coin du bureau de Lego, faisant claquer ses doigts, réfléchit très sérieusement.
--Bordel de merde! Je n'y avais pas pensé! Lafouine! M. Tout-à-la-Loupe! veux-tu venir au salon, s'il te plaît?
Sur l’entre fait le commissaire reçoit de nouveau l’appel de M. Delorme
– Bonjour Max c’est à propos du deuxième appel, il a été fait à dix-neuf heures dix-sept n’a duré que deux minutes. Il provient d’un téléphone portatif, ligne SFR, le nom de l’abonné est Yves Lelièvre. Le numéro est 485-795, et sur sa
fiche, il y a aussi le numéro du domicile et l’adresse de Lelièvre : je suppose que tu veux les coordonnées ?
– Bien sûr, envoie les coordonnées
Puis Le commissaire expliqua rapidement à son ami Delorme les raisons de sa requête et promit de le rappeler.Le commissaire Max hésita un moment; fallait-il rendre visite à Lelièvre ou risquer tout de suite un appel, quitte à éveiller sa curiosité? Il choisit la méthode rapide.
SUITE Un billet Dangereux (3)