– Allô, monsieur Lelièvre, ici le commissaire Le Max, c’est à propos de votre téléphone portatif…
– Ça, on peut dire que vous êtes des rapides !
– Pourquoi donc ?
– Ben, j’ai déclaré le vol de mon téléphone hier vers six heures à votre commissariat du douzième, vous l’avez déjà retrouvé ?
Le commissaire était un peu estomaqué, cependant il fit tout pour ne rien en laisser en paraître.
– Non pas encore, néanmoins, nous avons une piste intéressante . Rappelez-moi plutôt les circonstances de sa disparition.
– Avant-hier, j’étais à un séminaire de vente à l’hôtel Hilton dans le douzième; j’y avais pris une chambre car le séminaire durait trois jours; et mon combiné, on me l’a volé dans ma chambre. Vous imaginez le raffut que j’ai fait auprès de la direction de l’hôtel, un scandale. Et Lelièvre s’embarqua dans une histoire inextricablement compliquée à laquelle Le commissaire coupa court.
– Vous êtes chez vous demain ?
– Oui, pourquoi ?
– L’inspecteur Tout-à-la loupe passera vous voir demain pour vérifier certains détails. C’est important. Puis il raccrocha sans se soucier des jérémiades de Lelièvre.
--Bordel de merde! Où est M. Tout-à-la-Loupe!Il est rarement là quand on en a besoin, heureusement qu'il est efficace mais là, il tarde un peu fort. Voyons! mais où est il passé ce sacripant? Et le commissaire Max descend au sous-sol, il aperçoit Lafouine endormi sur le sofa.
--Bordel de merde! Tout-à-la-loupe, c'est pas le temps de faire la sieste, on a des choses urgentes à faire, lève-toi et monte au salon, je t'attends et ça presse!
--Oui, M. max, tout de suite, mes excuses, j'ai commis l'erreur de m'allonger sur cet invitant sofa pour mieux réfléchir et je me suis fait prendre par le sommeil.
--Ok, ok, c'est oublié, monte au salon.
Lafouine rejoignit son patron qui lui expliqua sa prochaine mission dans l'affaire Lego. Le lendemain il se rendit chez M. Yves Lelièvre, comme prévu. Un homme d'une stature imposante, au regard perçant, l'accueillit poliment à la porte. Lafouine se présenta à lui, lui dit son titre et demanda à s'entretenir avec lui.
--Mais oui, bien sûr, votre patron m'a averti de votre visite hier soir, entrez donc, je vous prie, et veuillez vous asseoir. Un petit drink?
--Non, merci, je ne bois jamais quand je travaille, d'autant plus que je conduis.
--Je vois, vous me permettez?
--Allez, allez! vous êtes chez vous.
Yves Lelièvre usait d'astuces pour faire dévier la conversation, c'était palpable!
--Que me vaut l'honneur de votre visite, si tôt en avant-midi, M. Tout-à-la-loupe?
--Je suis à l'emploi de M. Max, commissaire et agent du FBA, et nous menons une enquête sur un meurtre crapuleux et inexplicable, sans motif apparent, d'un homme qu'on dit avoir été sans histoire connue et bien aimé du voisinage, de ses
employeurs et amis.
--Voici une photo récente que nous a fournie sa femme, vous le reconnaissez?
Lelièvre semble un peu mal à l'aise.
--Euh.
Il fronce ses sourcis épais, hésite, jette coup d'oeil par-dessus coups d'oeil, sur la photo.
--Sincèrement, non, M. Lafouine, je n'ai jamais rencontré cet homme
--Vous en êtes certain? vous ne le reconnaissez pas? vous ne vous souvenez pas de l'avoir croisé quelque part?
--Non, vraiment, non Monsieur.
--Dans quelle circonstance vous a-t-on volé votre téléphone portable? racontez-moi.
--J'ai essayé de le raconter à votre patron et il ne m'en a pas laissé le temps hier soir.
---Le sais, je sais, je vous écoute
--Je me suis absenté de ma chambre environ cinq minutes pour aller chercher des papiers dans le coffre à gants de mon auto, la porte de ma chambre n'était pas verrouillée, j'avais laissé mon téléphone sur le bureau, et lorsque je suis revenu, il
était disparu, voilà!
--Auriez-vous des raisons d'appeler un certain Lego?
--Je ne connais personne de ce nom.
--Avez-vous prêté votre cellulaire à quelqu'un d'autre vers dix-neuf dix-sept, hier soir?
--Non, absolument pas, M. Tout-à-la-loupe.
--Ce sera tout pour le moment, M. Lelièvre, veuillez, s'il vous plaît rester à notre disposition, nous aurons encore besoin de votre témoignage.
Tout-à-la-loupe resta septique sur cette rencontre.
– Notre assassin m’a l’air d’avoir sérieusement préparé son coup. Bien sûr, il restait la possibilité que Lelièvre ait simulé un vol, pourtant, il était persuadé du contraire, la voix et la façon du dit Lelièvre l’en avait convaincu.
– En tout cas, je suis prêt à parier que Jacques Lego est mort à dix-neuf heures et dix-huit minutes, à une minute près.
L’assistant du commissaire jeta un coup d’oeil à sa montre, presque midi : Prend le temps de manger un morceau, au restaurant du coin près de la centrale. En sortant, il salua les membres du labo toujours présents et se dirigea vers sa voiture, une Ford Fiesta, légère de 1998 qu’il avait achetée dans un encan 10 ans auparavant : évidemment noire et modifiée, 1911 cm3, 56 chevaux à 3800 tours minutes; il pouvait décliner ses caractéristiques techniques par coeur, aujourd’hui, bien retapée, elle faisait bien des envieux.
De retour auprès du commissaire Max qui dirige encore les opérations de ratissage. En blaguant à peine dit d’un ton amusé
– Alors, Max, tu l’as trouvée ton aiguille ?
– Tu parles, Tout-à la Loupe, à part des canettes de bière et des boîtes de conserve, on ne risque pas de trouver un trésor…
– Si par extraordinaire, tu trouves une carabine 22 long ou un bazooka, tu m’appelles dit-il en s’esclaffant et en montant dans sa voiture toute noire.
– Va donc, Colombarius à la noix, entendit-il en passant la première vitesse presque sans la faire craquer.
C’est au tour du commissaire d’aller dans une pizzeria pour manger un sous-marin et un cola, avec une salade de légumes et pâtes, comme dessert un bon gros morceau du gâteau à la forêt noire. Pas besoin d’aller plus loin pour expliquer certaines rondeurs du commissaire . Avec ce dessert il pensa au billet dangereux. Pas étonnant que tant de monde achète La loto, ce n’est pas cher et ça peut rapporter gros. Surtout les jeux du Casino pour l’État, cela rapporte très gros, des milliards évidemment. Il était du genre joueur occasionnel; de temps en temps. Le lendemain, c'était jour de congé pour lui et il ce billet dangereux qui le hantait, lui donna le goût d'aller jouer quelques petites parties au Black Jack et, pourquoi pas taquiner un peu les machines à sous, même que parfois il se laisse griser par le son des pièces au fond des récipients de métal. On se laisse entraîner, ce n'est pas long! Il alla donc au Casino d'Ottawa.
Ses mises au jeu lui profitent, cette fois mais comme il est raisonnable et qu'il n'a rien du joueur compulsif, il se retire de la table de jeu et s'installe à une machine à sous. Non, plutôt des huards aujourd'hui, se dit-il, ça fera changement. Tiens, tiens, mais qui est cet homme au complet soigné? L'homme en question va tout droit à la table à cartes. La place que détenait
Max, le commissaire, est libérée, il s'y installe pour la prochaine partie. Cigare à la Havane au bec, l'air hautain et sûr de sa chance, il commande la première mise et tous le secondent, il renchérit, il remporte la première mise. Faites vos jeux! Faites vos jeux! enchaîne le croupier. Pas très loin, assis à la machine à huards, Max, le commissaire, fait semblant de s'intéresser à son jeu et observe d'un oeil avisé ce curieux joueur au complet noir. La boîte à cigares de la Havane qu'il a ouverte tout à l'heure le rend suspicieux. Il quitte alors la machine à huards et, à l'extérieur du Casino, il téléphone à son compagnon, M. Tout-à-la-loupe--Lafouine, es-tu bien occupé?
--Non, pas très, Commissaire!
--Regarde, tu n'es pas loin du Casino, y a-t-il moyen pour toi de venir m'y rejoindre tout de go? C'est extrêmement important, ne lambine pas.
--Tout de suite, tout de suite, j'arrive
SUITE Un billet Dangereux (4)