Les témoins oculaires qui ont aperçu les deux trombes qui se sont formées à proximité de Montréal le 23 juillet dernier seront déçus d'apprendre que le phénomène qu'ils ont eu la chance d'observer n'a pas été retenu parmi les événements météorologiques les plus marquants de 2008.
Bien que ce genre de phénomène ne se produise généralement que dans les tropiques, Environnement Canada a décidé de faire plaisir à la majorité en plaçant l'«été exécrable» qu'a connu l'Est du Canada durant la dernière période estivale au premier rang des 10 événements météorologiques les plus frappants de 2008 au Canada.«C'est la fréquence des précipitations qui a retenu l'attention, et pas la quantité comme telle», a précisé René Héroux, météorologiste de sensibilisation aux conditions menaçantes à Environnement Canada.Ainsi, au cours des mois de juin et juillet, les Montréalais ont connu 35 jours de pluie. Pis encore: l'Abitibi et la ville de Québec ont eu droit à respectivement 45 et 42 jours de précipitations.
De plus, les journées où le mercure a affiché au moins 30 degrés Celsius dans le sud-ouest du Québec se sont faites très rares, a rappelé M. Héroux, mardi, lors d'une conférence de presse pour le dévoilement de la 13e édition des 10 événements météorologiques les plus marquants de cette année.
Montréal n'a eu droit qu'à cinq journées de plus de 30 degrés Celsius, comparativement à 17 l'année dernière.
Et le météorologiste d'Environnement Canada a vite trouvé un coupable à inculper de cet «été exécrable».Il a expliqué qu'une dépression en latitude s'était installée au-dessus de l'Est du continent et qu'elle y était restée une bonne partie de l'été, soit de la fin du mois de mai à la mi-août.
Mais bien qu'elle ait été dominée par la pluie, les nuages, la bruine, la brume et les températures plutôt fraîches, la période estivale de cette année a tout de même apporté son lot de bonnes nouvelles, a tenu à préciser M. Héroux.«Peut-être que certains jardins étaient plus luxuriants, a-t-il supposé. Les épisodes de smog ont été moins nombreux. Et peut-être que le niveau du fleuve Saint-Laurent a pu prendre du galon un peu et se stabiliser.»Figurant à la tête de la liste de l'année dernière, la fonte des glaces dans l'océan Arctique a été «rétrogradée» au second rang en 2008.
M. Héroux a toutefois indiqué que ce qui était observé dans cette région de la planète était majeur.«Cette année, pour la première fois, il y avait le passage du Nord-Ouest et le passage du Nord-Est qui étaient libres de glace, en même temps», a-t-il affirmé.Du jamais vu, selon lui.
L'«hiver interminable» qu'ont vécu les résidents du Québec et de l'Ontario s'est mérité la troisième place dans le recensement annuel de l'organisme fédéral.Selon M. Héroux, plusieurs records de précipitations de neige ont été brisés dans bien des endroits au Québec, plus précisément ceux situés près de la vallée du Saint-Laurent.
La ville de Québec, par exemple, a reçu 558 centimètres de neige, un chiffre record, et une quantité de neige qui ne survient, en moyenne, que tous les 65 ans, selon le météorologiste.Malgré les 371 centimètres de neige qui sont tombés sur Montréal, aucun record n'y a été enregistré en 2007-2008.«On est venus bien près, à quelques poussières, en quelque sorte», a-t-il lancé.À Montréal, le record est de 383,3 centimètres et il a été établi en 1970-1971.
Rolando Gomes /La Presse Canadienne /Montréal