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 Le PLC couronne Ignatieff

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MessageSujet: Le PLC couronne Ignatieff   Le PLC couronne Ignatieff Icon_minitime1Jeu 11 Déc - 5:13:42


(Ottawa) Il y a tout juste une semaine, Stéphane Dion se voyait premier ministre du Canada, à la tête d'une coalition des partis de l'opposition. M. Dion n'est plus chef du Parti libéral et, hier, son successeur s'est imposé sans l'ombre d'un congrès à la direction. Michael Ignatieff sera officiellement couronné aujourd'hui à la suite du retrait de la course de Bob Rae et de Dominic LeBlanc. Quant au projet de coalition, il est aux soins intensifs.

Le Parti libéral a un nouveau chef sans même avoir eu une véritable course à la direction: le député de la région de Toronto Michael Ignatieff.

M. Ignatieff obtiendra officiellement aujourd'hui la couronne libérale qu'il convoitait depuis 2006 après le retrait soudain, hier, de son seul rival, Bob Rae. Les députés libéraux se réunissent aujourd'hui en caucus à Ottawa et devraient accueillir à bras ouverts leur nouveau capitaine.

Après avoir pris connaissances des règles adoptées par l'exécutif national du PLC pour choisir un nouveau chef à la suite de la décision de Stéphane Dion de quitter ses fonctions plus rapidement que prévu, M. Rae a conclu qu'il n'avait aucune chance de damer le pion à Michael Ignatieff.

Désirant se donner un chef permanent avant la rentrée parlementaire du 26 janvier, les mandarins du parti ont décrété que le successeur de Stéphane Dion serait désigné après consultation d'environ 800 membres du PLC, dont les députés et sénateurs, mais aussi les candidats défaits au dernier scrutin, les présidents d'associations libérales dans les 308 circonscriptions électorales, entre autres.

En conférence de presse en début d'après-midi, hier, M. Rae a expliqué que ces règles rendaient sa victoire pratiquement impossible.

«Le parti a besoin d'un nouveau leader, a-t-il affirmé. J'aurais aimé être ce leader, mais j'ai réalisé que ma campagne au leadership dépendait du recrutement de nouveaux membres et la tenue d'une campagne, ce que nous n'avons pu avoir, pour un ensemble de raisons.»

M. Ignatieff a réagi hier en saluant la carrière politique de M. Rae. « Bob Rae a passé sa vie entière, tant comme politicien que comme simple citoyen, au service des Canadiens. Sa décision de se retirer reflète son engagement envers l'unité du Parti libéral et le besoin urgent de confronter les défis auxquels notre pays fait face «, a dit M. Ignatieff dans un communiqué de presse émis hier soir.

Après la crise parlementaire de la semaine dernière où les trois partis de l'opposition se sont unis pour pousser le gouvernement minoritaire conservateur dans les câbles, au point de forcer le premier ministre Stephen Harper à demander la prorogation du Parlement afin d'éviter de perdre le pouvoir, les événements se sont aussi précipités dans la course à la direction du PLC.

D'abord, Stéphane Dion a cédé à la pression grandissante dans les rangs libéraux lundi pour qu'il tire sa révérence avant Noël après avoir raté sa réplique au discours à la nation de Stephen Harper, mercredi dernier.

Ensuite, le candidat à la direction du PLC, le jeune député acadien Dominic LeBlanc, a annoncé le même jour qu'il se retirait de la course afin d'appuyer la candidature de Michael Ignatieff.

Parallèlement, des députés et des stratèges libéraux multipliaient les pressions en coulisses pour que Bob Rae se désiste également au profit de Michael Ignatieff afin de pouvoir nommer un chef permanent le plus rapidement possible.

Ensuite, les autorités du parti ont convenu des règles de sélection du prochain chef, forçant Bob Rae à entreprendre une réflexion au sujet de la justesse de poursuivre une campagne à la direction qu'il semblait destiné à perdre.

Les libéraux font connaître depuis une semaine leur volonté d'établir un leadership stable dans le parti afin d'offrir une opposition coriace au gouvernement Harper lors du retour des élus au Parlement, le 26 janvier prochain.

Lorsque les hostilités parlementaires reprendront, à la fin janvier, M. Ignatieff aura pour ainsi dire le sort du gouvernement Harper entre les mains. Il aura alors à décider si le budget que présentera le ministre des Finances, Jim Flaherty, répond suffisamment ou non aux exigences des troupes libérales qui, à l'instar des deux autres partis de l'opposition, réclament des mesures vigoureuses pour stimuler l'économie canadienne, déjà en récession, selon l'évaluation de la Banque du Canada divulguée hier.

Si le nouveau chef libéral demande à ses troupes de voter contre le budget, le pays pourrait être plongé à nouveau dans des élections générales. Mais M. Ignatieff pourrait plaider à nouveau auprès de la gouverneure générale Michaëlle Jean qu'il peut former un gouvernement de coalition avec le NPD et soutenu par le Bloc québécois. Toutefois, cette dernière option semble de moins en moins envisagée par les libéraux.

Plusieurs se sont réjouis hier de la volte-face de Bob Rae, qui permet du coup de régler la question du leadership du PLC et d'éviter une longue et coûteuse course à la direction.

Pour sa part, M. Rae a juré sa loyauté à son rival, mais aussi son ami de longue date. Il a aussi appelé à l'unité d'un parti depuis longtemps déchiré par des divisions internes.

«J'ai hâte de travailler avec Michael. Dans les dernières années, il y a toujours eu cet enjeu en sourdine à savoir ce qui peut arriver, si ça peut arriver, et quand, et tout le reste. Mais c'est fini maintenant. Et je suis très content de travailler avec Michael comme un grand ami et un grand supporteur», a dit M. Rae, qui a été premier ministre de l'Ontario de 1990 à 1995, alors qu'il dirigeait un gouvernement néo-démocrate.

Durant la dernière course au leadership, en 2006, M. Ignatieff était parti favori, mais il avait été coiffé au quatrième et dernier tour par Stéphane Dion. M. Rae était également candidat dans cette course et il avait terminé troisième.

Le congrès libéral qui devait choisir le prochain chef devait avoir lieu à Vancouver en mai. Tout indique que ce congrès servira maintenant aux militants libéraux pour élaborer de nouvelles politiques pour le parti.

Joël-Denis Bellavance /La Presse
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