(New York) Barack Obama et Hillary Clinton: ce pourrait être un tandem du tonnerre. Après avoir lutté farouchement pour obtenir l'investiture démocrate, ils travailleront de concert pour changer l'image et la politique étrangère des États-Unis, le premier comme président, l'autre comme chef de la diplomatie américaine.
La nomination de la sénatrice de New York au poste de secrétaire d'État n'a pas encore officialisée par le président élu. Mais elle ne semble plus faire de doute à la suite des confidences de deux proches de l'ex-First Lady au New York Times.
«Elle est prête», a déclaré l'un d'eux au quotidien, dont le reportage sur le sujet a été publié hier après-midi sur son site internet.
Selon le Times, Hillary Clinton a décidé de quitter son siège au Sénat et d'accepter l'offre de Barack Obama après s'être entretenue avec lui au téléphone. Les deux s'étaient rencontrés jeudi dernier à Chicago pour discuter du rôle possible de la sénatrice au sein du futur cabinet présidentiel.
Le quotidien new-yorkais précise que l'ex-rivale du président désigné n'a pas tenté de lui soutirer des concessions. Selon ses confidents, elle voulait seulement être «à l'aise» avec l'idée de travailler avec Barack Obama. La relation entre les deux stars démocrates ne manquera pas d'alimenter la chronique au cours des prochaines années.
La décision de la sénatrice de New York met fin à une semaine de conjectures fiévreuses et de négociations ardues portant notamment sur Bill Clinton, dont les activités philanthropiques et financières soulevaient dans l'entourage de Barack Obama des craintes au sujet de possibles conflits d'intérêt. L'ancien président a effacé ces craintes en acceptant de soumettre ses activités à un examen éthique et d'identifier les donateurs de sa fondation.
L'annonce officielle de la nomination de la sénatrice Clinton ne devrait pas avoir lieu avant le long congé de la fête de Thanksgiving, qui s'étendra du jeudi 27 novembre au dimanche suivant. D'ici là, les principaux intéressés se montreront circonspects.
«Nous sommes toujours en discussions, qui sont en bonne voie, mais toute autre information serait prématurée», a déclaré Philippe Reines, porte-parole de la sénatrice de New York, hier.
La nomination est «sur les rails», s'est contenté de dire un porte-parole du président désigné.
Geithner au Trésor
Il semble que Barack Obama veuille nommer d'abord les membres de son équipe économique, ce qui pourrait se produire dès lundi. La presse américaine a annoncé hier qu'il avait choisi Timothy Geithner, président de la Réserve fédérale de New York, pour occuper le poste de secrétaire au Trésor. Il songerait en outre à Bill Richardson, gouverneur du Nouveau-Mexique, pour le poste de secrétaire au Commerce.
La nomination d'Hillary Clinton au poste de secrétaire d'État sera «très bien reçue» à l'étranger, selon Javier Solana, chef de la diplomatie européenne, qui était à Washington hier.
«C'est une forte personnalité, a-t-il dit aux journalistes. C'est une personne adéquate pour ce rôle: elle est capable, elle a de l'expérience, elle est connue.»
Le choix de Barack Obama pourrait cependant décevoir certains de ses partisans plus progressistes.
«C'est une mauvaise nouvelle», a déclaré à La Presse Stephen Zunes, professeur de relations internationales à l'Université de San Francisco. «Obama a gagné l'investiture démocrate en grande partie parce qu'il a été capable de convaincre les gens que le jugement était plus important que l'expérience. Il trahirait ses supporteurs en choisissant Hillary Clinton, qui a défendu une approche militariste non seulement vis-à-vis de l'Irak, mais également de l'Iran, d'Israël et de la Palestine.»
Richard Hétu, Collaboration spéciale / La Presse