Mario Dumont revient la charge et somme les libéraux de dévoiler les pertes de la Caisse de dépôt en présentant leur cadre financier cet après-midi.
Les Québécois sont en droit de savoir à quel point leur bas de laine a fondu, a martelé le chef de l'ADQ, lors d'un point de presse devant le siège social de l'institution. Il précise que le PLQ n'a d'autre choix de le leur dire. Sans quoi, son cadre financier ne sera pas crédible.«S'il doit y avoir des augmentations des permis de conduire, des immatriculations, du taux de cotisation sur votre paye à la Régie des rentes, est-ce qu'on a le droit de le savoir maintenant plutôt que d'avoir un bombardement de mauvaises nouvelles quelques mois après avoir voté?» a-t-il demandé.
Le fonds mis de coté par le gouvernement pour financer les régimes de retraite des fonctionnaires est administré par la Caisse, fait valoir le numéro deux de l'ADQ, Gilles Taillon. Et comme la province doit renflouer ce fonds en cas de pertes, tout son budget pourrait être déstabilisé.
«Si on est très conservateurs et qu'on pense qu'il y aura des pertes de 25%, ce qui est en-deçà de ce que tout le monde projette aujourd'hui, Mme Jérôme-Forget devra provisionner dans son cadre financier un milliard pour amortir ses pertes dans le fonds d'amortissement des régimes de retraite.»
L'ADQ calcule que la Caisse a perdu au moins 30 milliards depuis le début de la crise financière.
C'est la deuxième fois en autant de jours que Mario Dumont presse Jean Charest de faire le point sur les finances de l'institution. Il s'étonne d'ailleurs de la discrétion du premier ministre sortant, qui ne s'était pas gêné pour s'attribuer le mérite des bons rendements de la Caisse lors des dernières élections.
«Jean Charest se promène à travers le Québec, dit-il, et il est capable de regarder les Québécois dans les yeux et leur dire "moi je sais ce qui se passe à la Caisse de dépôt, mais vous, vous n'êtes qu'un petit déposant, vous ne le saurez pas".»
La Caisse s'est retrouvée au coeur des débats électoraux, cette semaine, après que La Presse eut révélé que son grand patron, Richard Guay, a dû être mis au repos en pleine tempête financière pour cause de surmenage. L'institution a aussi confirmé le congédiement de 10 employés du secteur des marchés boursiers.
Lors d'une conférence de presse exceptionnelle, hier, la Caisse de dépôt a fait savoir qu'elle disposait de 20 milliards en liquidités, assez pour faire face à ses obligations. Elle n'a toutefois pas l'intention de déroger à ses règles pour devancer la publication de ses états financiers, prévue en février. Elle affirme vouloir garder la confiance des marchés et des institutions avec lesquels elle transige.
Mario Dumont a dénoncé cette sortie, affirmant que les dirigeants de la Caisse ont été «conscrits» par le gouvernement libéral.
Martin Croteau /La Presse