Une sociologue française militant pour les droits sociaux en Russie a été agressée trois fois en trois semaines à Moscou, la dernière jeudi par deux inconnus munis d'une seringue contenant un liquide indéterminé, a raconté samedi à l'AFP la victime, Carine Clément.
Les deux jeunes agresseurs ont planté la seringue dans la jambe de Mme Clément alors qu'elle se rendait dans un café moscovite pour s'exprimer lors d'une conférence devant des associations et des intellectuels de gauche, a-t-elle expliqué. «La seringue est chez la police pour une expertise», a ajouté la Française, qui juge que cette agression, la troisième en trois semaines, est une opération d'«intimidation» pour la faire cesser ses activités militantes en faveur des migrants, qui l'ont amenée à prendre position contre le maire de Moscou, Iouri Loujkov, et les mouvements russes d'extrême droite.
La sociologue française, qui vit en Russie depuis 1994 et a fondé en 2004 un organisme, l'Institut des actions collectives, avait été frappée au visage et son sac lui avait été volé le 24 octobre, à la veille d'un mouvement de protestation réclamant la démission de M. Loujkov.
Mercredi, un jeune homme l'avait suivi, insultée et «secouée» alors qu'elle se rendait à son travail, a-t-elle également raconté.
«Ce dont je suis sûre, c'est que tous ces cas sont liés (...) Je pense que beaucoup de gens seraient contents si j'arrêtais mes activités militantes, si je rentrais en France», a-t-elle estimé, en pointant du doigt les «fascistes» et la «mafia de la construction» immobilière à Moscou.
Mme Clément a indiqué avoir constaté ces derniers mois «une recrudescence des méthodes criminelles pour se débarrasser» des mouvements sociaux en Russie.
Le dernier épisode en date a été le passage à tabac vendredi d'un journaliste dans la banlieue de Moscou, Mikhaïl Beketov, rédacteur du journal local Khimkinskaïa Pravda. Le journaliste, qui critiquait les autorités locales pour la destruction de forêts de la région, avait été maintes fois menacé de représailles et déjà la cible d'une attaque au printemps 2007.
Agence France-Presse / Moscou