Macao et Las Vegas subissent déjà les contrecoups de la crise économique mondiale, mais le Cirque du Soleil n'entend pas rester les bras croisés en attendant la reprise. Sa croissance, la multinationale québécoise du spectacle entend la trouver ailleurs dans le monde, notamment en Russie, où le Cirque entre par la grande porte.
En s'établissant en Russie, le Cirque du Soleil utilise son système D: divertir et diversifier. Les petits débrouillards québécois estiment que le public aura besoin de se divertir dans la grisaille économique. La diversification de leur portefeuille de pays leur permet aussi d'oublier un moment Macao, où tout est bloqué, et Las Vegas, où le marché a subi une décroissance de 10 %.
«On va être de moins en moins pris avec une très forte concentration à Las Vegas, a soutenu le PDG du Cirque, Daniel Lamarre, en entrevue téléphonique depuis Moscou hier. Plus on va réussir notre diversification géographique, plus on va avoir un Cirque du Soleil stable pour l'avenir.»
La multinationale québécoise du divertissement entend présenter à Moscou et dans d'autres grandes villes russes des spectacles sous chapiteau, de tournée et, éventuellement, un spectacle permanent, d'ici trois ou quatre ans, précise M. Lamarre.
Le Cirque du Soleil compte dans ses rangs près de 400 artistes et autres membres de personnel russes. Mais en octobre 2009 avec Varekai, ce sera la première fois qu'un spectacle de la troupe visitera Moscou. Pour ce faire, la troupe québécoise a conclu un partenariat à long terme avec George et Craig Cohon, un tandem père et fils à l'origine de l'installation des restaurants McDonald et de Coca-Cola en Russie. Ils ont formé ensemble une société à responsabilité limitée, Cirque du Soleil Rus, détenue majoritairement par le Cirque et possédant les droits exclusifs du territoire russe.
«Je cherchais un partenaire pour la Russie depuis longtemps, a confié M. Lamarre. Comme je connaissais M. Cohon, je lui ai demandé son aide et il m'a offert beaucoup plus. En deux visites, grâce à ses contacts, nous avons fait plus de rencontres qu'en plusieurs années auparavant. On entre en Russie par la grande porte.»
Varekai sera suivi d'un autre spectacle de tournée en 2010, mais les contacts commerciaux de la famille Cohon ont déjà permis à la troupe d'être commanditée par Master Card et la compagnie automobile InfiniT.
En outre, le Cirque érigera son chapiteau le long de la rivière Moskova grâce à un partenariat avec un promoteur immobilier, Rugniki, qui possède, entre autres, un stade de soccer.
«Je prédis que la Russie représentera l'un des meilleurs marchés où le Cirque du Soleil est entré jusqu'ici. Je connais ce marché depuis 30 ans et je peux vous assurer que, même si le Cirque n'est pas encore aussi connu ici qu'ailleurs, les Russes seront ravis à l'ouverture du premier spectacle de cette grande compagnie canadienne», soutient George Cohon.
Changement à Macao
Comme le révélait La Presse il y a un mois, Daniel Lamarre a confirmé hier qu'en raison de retards de construction, le deuxième spectacle permanent du Cirque à Macao, la revue musicale signée par René Simard, sera déplacée vers une ville nord-américaine ou européenne, probablement New York, Paris ou Londres, d'ici quelques semaines. Mais Macao reste bel et bien dans les plans de la multinationale québécoise.
«On y est un peu libéré du fait qu'on aura désormais plus de temps pour bien établir notre premier spectacle. On a un contrat de trois ans avec profits garantis. Le problème de Macao en est un de financement. C'est un marché qui va prendre un peu plus de temps à se développer», pense le PDG.
Par contre, le Cirque compte sur le pavillon canadien de l'exposition universelle de Shanghai en 2010, dont elle a la responsabilité esthétique et artistique, pour continuer de se faire connaître en Asie. Elle vise l'Inde à plus long terme, mais la troupe se rendra aussi bientôt pour la première fois à Taipei avec un succès commercial déjà assuré.
«C'est incroyable. Les spectacles sont vendus à guichets fermés avant même qu'on y érige notre chapiteau», résume M. Lamarre.
Mario Cloutier
La Presse