La journée était fébrile hier pour l'adéquiste, qui, à trois jours du déclenchement des élections, s'empressait de rencontrer d'éventuels candidats. Avec des sondages qui piquent du nez depuis un an, plusieurs circonscriptions restent à pourvoir. «Mais on est plus en avance qu'on pouvait l'être, au même moment, dans les précédentes campagnes», résume-t-il.
Mario Dumont compte rappeler pendant 33 jours que les élections ont été «déclenchées pour les mauvaises raisons». «Jean Charest mise sur le fait que les gens n'iront pas voter, par colère, par dépit. Mais le cynisme ne sera pas récompensé ! Si, cette semaine, Jean Charest annonçait qu'il n'y aura pas d'élections, les gens applaudiraient. Je pense que le prix qu'il aura à payer pour cette campagne sera élevé», prédit l'adéquiste.
L'image de Jean Charest
«Depuis un an, les publicitaires autour de Jean Charest lui ont construit une image. Cela ne tiendra pas, en campagne ; on commence déjà à revoir le vrai Jean Charest. La satisfaction à l'endroit du gouvernement a beaucoup monté. Mais de quoi les gens sont-ils satisfaits ? De Jean Charest et de ses actions, ou du fait qu'il est minoritaire ? En déclenchant des élections dont les électeurs ne veulent pas, Jean Charest va rompre cet équilibre !» ajoute Dumont. Du côté du PQ, «c'est du jamais vu comme démobilisation. Six députés sur 36 sont partis», relève-t-il.
Mario Dumont estime que son parti «est toujours associé à des idées fortes, et la campagne va ramener l'attention là-dessus»
Aux élections de 2007, il envisageait de jeter l'éponge s'il ne parvenait pas à faire élire plus de 12 députés. Il reste évasif sur son plan de match s'il perd l'opposition officielle. «Après chaque scrutin, chacun peut redéfinir sa contribution, mais on se lance dans les élections pour les gagner», se contente de dire l'adéquiste.
Hypothèques et REER
Quant à l'engagement de son parti sur les hypothèques, il rappelle : «Il y a 2500 familles par jour qui perdent leur maison aux États-Unis. On doit aider les ménages en période de crise, mais en même temps la mesure est bonne pour la construction et pour l'accès à la propriété.»
La crise financière ne s'est pas encore matérialisée dans le logement au Canada, mais «avec le resserrement inévitable du crédit, cela risque de devenir un enjeu», dit Mario Dumont.
«Les spéculateurs créent souvent les crises ; c'est la classe moyenne qui paie la note, accuse-t-il. Nous, on dit que c'est le monde ordinaire qu'on doit aider.»
La mesure, d'une durée de deux ans, éventuellement renouvelable, coûtera 750 millions au trésor public. L'ADQ compte dévoiler en début de campagne le «cadre financier» qui précisera d'où viendra l'argent.
Pour un couple qui gagne 70 000 $ et qui vient d'acheter un appartement de 150 000 $, la mesure représente un crédit d'impôt de 825 $ si le taux d'intérêt est de 5,5 %. Pour une famille qui gagne 100 000 $ et qui a payé les trois quarts d'une hypothèque de 200 000 $, la mesure représente un crédit d'impôt de 544 $ à un taux d'intérêt de 6 %.
Une autre mesure, de 230 millions au maximum, abolirait l'impôt pour la première tranche de 5000 $ de revenus tirés d'un REER ou d'un régime de retraite à cotisation déterminée. Pour un retraité qui, comme seul revenu, tire 20 000 $ par année de son REER, l'exemption signifie un gain de 1000 $. Enfin, l'ADQ s'engage à bonifier le programme de remboursement de l'impôt foncier pour les locataires - une mesure qui coûtera environ 35 millions.
Denis Lessard / La Presse