L'enquête contre un religieux suisse de l'ordre des capucins accusé d'actes pédophiles commis en Suisse et en France a débouché sur la découverte de nouveaux cas, portant à vingt quatre le nombre de ses victimes présumées sur plus de 40 ans, a indiqué lundi la justice suisse.
Un jeune Français, abusé en 1995 dans la région de Grenoble alors qu'il était âgé de onze ans, compte parmi les nouvelles victimes révélées par l'enquête, a indiqué à l'AFP la juge d'instruction du canton de Fribourg, Yvonne Gendre.
Le religieux a avoué ce nouveau cas, a précisé la juge d'instruction.
Au total, ce capucin suisse âgé de 68 ans est soupçonné d'avoir abusé de vingt quatre garçons depuis 1957, selon Mme Gendre.
Le religieux, qui a exercé en Suisse et en France, aurait fait vingt deux victimes en Suisse, dans les cantons de Fribourg, de Vaud et du Valais, a-t-elle noté. La juge d'instruction a notamment cité huit cas dans la région de la Broye fribourgeoise entre 1981 et 1989, et deux victimes à Fribourg dans les années 70.
«Tous les faits qui se sont déroulés en Suisse sont prescrits», a précisé Mme Gendre. Par contre, «le cas de 1992 sur le neveu du capucin en France n'est vraisemblablement pas prescrit et le cas de 1995 sur l'enfant de onze ans non plus», a-t-elle souligné.
«Même si les faits sont prescrits en Suisse, le fait qu'on ait pu montrer qu'il existe de très nombreuses victimes en Suisse apporte des enseignements sur la personnalité de cet homme» en vue d'un jugement en France, a ajouté la juge d'instruction.
Elle a déjà pris contact avec le procureur de Grenoble afin de lui transmettre les nouveaux éléments.
Le religieux avait confirmé en janvier avoir commis des attouchements sexuels sur son neveu mineur dans la région de Grenoble en 1992.
Les affaires de pédophilie en Suisse avaient poussé le capucin à se réfugier en France entre 1989 et 2005. Il a d'abord été hébergé par une communauté de capucins à Corenc (Isère), avant d'être chargé de la paroisse des Balcons à Belledone (Isère).
En 2003, à la suite de la diffusion par la télévision suisse en septembre 2002 du témoignage d'une de ses victimes, le religieux avait été envoyé à la Fraternité des capucins de Bron (Rhône), avant de rejoindre la Suisse en 2005.
Il a été hébergé alors au couvent des capucins de Montcroix à Delémont (Jura suisse).
«Se pose évidemment la question de savoir comment le capucin a pu agir en toute impunité durant toutes ces années», a relevé la juge d'instruction.
Agence France-Presse /Genève