Les pancartes de la dernière campagne électorale n'ont pas encore été toutes retirées des rues de Montréal que, déjà, celles de la prochaine campagne sont prêtes. À quelques jours du déclenchement probable des élections provinciales, les partis politiques ne chôment pas. Le branle-bas de combat est amorcé. Personne ne veut courir le risque d'être pris au dépourvu.
Les partis de l'opposition devraient savoir dès demain s'ils ont eu raison de lancer les préparatifs avant le déclenchement officiel des élections.
Le Parti libéral maintient encore le flou sur ses intentions, mais il aurait déjà des visées sur des locaux qui pourraient servir de quartier général à ses candidats. Le propriétaire du local qu'avait utilisé le nouveau ministre Yves Bolduc à l'élection partielle du mois dernier s'est fait demander de le réserver au Parti libéral au moins jusqu'à demain matin - soit jusqu'à ce que, vraisemblablement, le premier ministre déclenche des élections.«Ils doivent nous appeler lundi matin pour nous dire s'ils renouvellent le bail jusqu'en décembre. Donc, je comprends qu'on saura lundi si on va ou non en élections», a affirmé Rémi Laflamme, propriétaire de l'édifice.
Depuis quelques jours, les convocations à des séances d'investiture se multiplient dans les partis de l'opposition. Le libéral Jean-Marc Fournier devait faire le point ce matin sur son avenir politique et annoncer qu'il ne se présentera pas aux prochaines élections.
Ce parfum électoral a privé de soleil les militants de plusieurs partis, hier, qui ont consacré leur journée à mobiliser leurs troupes au téléphone. «On a repassé les listes de bénévoles et on est en train de monter notre équipe», a précisé Geneviève Rivard, responsable de la campagne du candidat de l'ADQ à Terrebonne.
L'ADQ a déjà réservé des locaux de campagne dans plusieurs circonscriptions. Le premier parti de l'opposition a aussi déjà retenu les services d'un imprimeur, qui devait se tenir prêt à lancer ses presses pour produire des centaines de pancartes dès aujourd'hui ou demain. Le graphisme des affiches a été choisi. Celui des dépliants du parti en serait aux dernières retouches. «Tous nos fournisseurs ont été prévenus que des élections pourraient être déclenchées sous peu et qu'on n'attendra pas la dissolution de la Chambre pour lancer la machine», a dit André Beaudet, directeur des communications de l'ADQ. Deux autocars et leurs chauffeurs seraient prêts à emmener Mario Dumont, son équipe de relationnistes et un lot de journalistes sur les routes du Québec jusqu'au 8 décembre.
Pour des « raisons stratégiques », le Parti québécois refuse de commenter ses préparatifs. Il s'est limité à affirmer qu'il sera prêt si les élections sont lancées mercredi. Québec solidaire, beaucoup plus bavard, semble pour sa part avoir une longueur d'avance. Des pancartes sont déjà sorties de l'imprimerie et la présidente du parti n'hésite pas à confirmer qu'un véhicule a bel et bien déjà été réservé pour permettre à Françoise David et Amir Khadir de prêter main-forte aux candidats de toutes les circonscriptions de la province. Ils se baladeront dans un véhicule récréotouristique tout équipé et en petites voitures louées à Communauto. Les téléphones seront branchés dans le quartier général du parti cette semaine.
De futurs candidats, comme Manon Massé, ont aussi passé la journée à recueillir les 100 signatures requises par le Directeur général des élections. «On sait que, de toute façon, si les élections ne sont pas déclenchées cette semaine, elles auront lieu au printemps, alors on ne perd rien à se préparer dès maintenant.»
Reste à savoir si les électeurs seront aussi enthousiastes. «On est bien tannés de voter ! On vote tout le temps !» a lancé hier Pierrette Boudreau en montrant l'affiche périmée d'un candidat aux élections fédérales défait le mois dernier.
Violaine Ballivy /La Presse