Le projet tant caressé par l'administration Tremblay de créer un grand parc public sur le troisième sommet du mont Royal bat de l'aile. Lors de la dernière rencontre de la Table de concertation de la montagne, vendredi dernier, des membres ont été estomaqués d'apprendre que le cimetière Notre-Dame-des-Neiges n'a nullement l'intention de renoncer à son dépôt technique, sorte de dépotoir.
Pourtant, lors du dépôt de son budget 2009, la Ville de Montréal avait clairement inscrit à la liste de ses projets qu'elle entendait «consolider la protection du mont Royal par la création d'un parc sur le troisième sommet, le sommet d'Outremont.» Or, les terres situées sur le sommet ne seront pas concédées par le cimetière.
Lors d'un entretien avec La Presse, Yoland Tremblay, directeur général de la paroisse Notre-Dame de Montréal, a expliqué qu'il est plutôt question de céder 10 hectares du bois Saint-Jean-Baptiste sous forme d'emphytéose. Le cimetière n'a par ailleurs pas l'intention d'éliminer le dépôt technique, «seul endroit où l'on peut disposer de nos agrégats, tels équipements lourds ou de la terre», a-t-il ajouté.
«En concédant 10 hectares, il s'agira tout de même du premier lien avec le bois de l'Université de Montréal. Mais nous en sommes aux premiers balbutiements dans nos négociations avec la Ville et l'Université pour conclure un bail par emphytéose de probablement 30 ans, a dit M. Tremblay. Et on veut s'assurer d'un développement harmonieux avec notre vocation d'inhumation.»
Au Conseil régional de l'environnement (CRE), de Montréal, également présent à la Table de concertation qui se penche sur les destinées naturelles et historiques de la montagne, on confirme que le projet ne tient pas compte du sommet, mais plutôt des flancs qui donnent sur Notre-Dame-de-Grâce. On parle tout de même d'un «bon départ.»
«Il reste encore toute la question de l'aménagement et les aspects légaux à signer, explique André Porlier, de la direction générale du CRE. C'est clair que le bois Saint-Sulpice et les deux bois derrière l'Université de Montréal ne font pas partie de l'entente actuelle, mais les deux institutions ont affiché une volonté.»
À l'Écomusée de l'Au-Delà, organisme de préservation du patrimoine funéraire, le directeur Alain Tremblay, déplore pour sa part que le cimetière Mont-Royal, lui aussi propriétaire des terres du futur parc, ne se montre pas coopératif avec la Ville. Il craint que d'autres mausolées soient construits près du dépôt technique du cimetière Notre-Dame-des-Neiges. «Les membres de la Table de concertation ont été estomaqués par mes craintes», a ajouté M. Tremblay.
Sara Champagne /La Presse