Les épisodes de terreurs nocturnes auraient une forte composante héréditaire TORONTO - Les terreurs nocturnes, au cours desquels des enfants expérimentent subitement une peur extrême et se mettent à hurler d'épouvante une heure ou deux après s'être endormis, semblent avoir une forte composante héréditaire, indique une nouvelle étude.
Ses auteurs, des chercheurs canadiens, ont établi que plus de 40 pour cent des cas de terreurs nocturnes peuvent vraisemblablement être attribués à la génétique. Le responsable de l'étude est le docteur Jacques Montplaisir, professeur de neuroscience et de psychiatrie à l'Université de Montréal.
L'étude a porté sur 390 paires de jumeaux identiques ou hétérozygotes ("faux jumeaux"), qu'on a suivis dès leur naissance et qui ont été évalués pour leur propension à éprouver des terreurs nocturnes à l'âge de 18 mois, puis de 30 mois.
Les chercheurs ont constaté que parmi les jumeaux identiques, si un enfant avait connu un épisode de terreur pendant le sommeil, la possibilité que son jumeau souffre de ce trouble jusqu'à l'âge de 30 mois était d'environ 68 pour cent. Pour les faux jumeaux, le risque que tous deux souffrent d'accès de terreur dans leur sommeil était de 24 pour cent.
En entrevue de Montréal, le Dr Montplaisir a expliqué que les terreurs nocturnes sont une sensation soudaine et effrayante qui se manifeste d'abord par des cris de panique de l'enfant, qui paraît terrifié et hurle. Son rythme cardiaque et sa respiration s'accélèrent, il transpire, son visage rougit, et il est habituellement insensible aux tentatives de ses parents pour le rassurer. Contrairement à ce qui se passe dans le cas des cauchemars, l'enfant qui a un accès de terreur nocturne ne se souvient de rien.
Si on essaie de réveiller l'enfant durant un épisode de terreur nocturne, l'enfant est confus, ne se souvient d'aucun rêve. D'ailleurs, toute tentative de l'éveiller peut accroître son agitation et prolonger l'épisode. Sinon, la plupart des épisodes sont brefs, cessent abruptement et l'enfant replonge dans le sommeil par la suite, a dit le chercheur.
Toujours selon le Dr Montplaisir, l'environnement social et familial entrerait également en jeu. D'autres recherches ont montré que ces incidents peuvent être reliés à l'anxiété due à la séparation des parents, à des tensions familiales ou à un déménagement. Des facteurs physiologiques peuvent aussi déclencher des accès de terreur nocturne.
Le Dr Montplaisir affirme que bien qu'extrêmement déconcertants pour les parents, les terreurs nocturnes ne sont pas reliées à des troubles cognitifs ou de comportement, et que dans la plupart des cas, le problème disparaît de lui-même.
Par Sheryl Ubelacker, LA PRESSE CANADIENNE