(Québec) Pauline Marois en a «ras le bol» que Jean Charest la tienne responsable des problèmes actuels du réseau de la santé. Visiblement agacée par les attaques répétées de son adversaire libéral, la chef du Parti québécois l'a accusé de «se défiler» et de «mentir» aux Québécois.
«Il y a un boutte à toute à essayer de nous faire porter une responsabilité que lui doit porter complètement. Qu'il aille donc voir les gens de Sainte-Justine en leur disant que c'est la faute de l'ancien gouvernement. Je m'excuse, mais il a des comptes à rendre Jean Charest. Il ne les rend pas, et il se défile actuellement», a-t-elle lancé ce matin, dans une sortie d'une rare virulence.
«J'en ai ras le bol! Charest fait croire des choses, il ment au monde. Il continue de mentir. Qu'il assume! Est-ce que c'est un impuissant, Jean Charest? Il n'a pas été capable de régler les problèmes alors qu'il avait pris un engagement», a-t-elle affirmé.
«On va le faire le bilan avec lui : les heures d'attente sont plus élevées alors qu'il avait promis de les réduire à néant. Alors merci beaucoup, ça suffit les accusations de Jean Charest.»
Pauline Marois a convoqué les médias à un point de presse qui n'était pas prévu à l'horaire afin de répliquer au chef libéral. «Il va arrêter de s'essuyer les pieds sur le gouvernement du Parti québécois. Ça fait six ans qu'il est au pouvoir. C'est Jean Charest que l'on juge actuellement. Et Jean Charest, c'est un désastre dans les hôpitaux du Québec», a-t-elle affirmé.
«On essaie de me faire porter un chapeau, alors que c'est lui qui est là depuis six ans. Quand il est arrivé au gouvernement, M. Charest, il devait bien savoir qu'il y avait eu (les mises à la retraite) d'infirmières et de médecins. Il a dit malgré tout ça : moi je suis prêt, je vais régler tous les problèmes d'urgences, tous les problèmes de listes d'attente. Il n'a rien réglé de ça.»
Alors qu'un autre sondage place son parti onze points derrière le PLQ, Pauline Marois entend «ajuster» son plan de campagne. «On va être plus clair encore sur le bilan de M. Charest. Parce qu'actuellement, il essaie de faire notre procès. Mais je m'excuse, il est là depuis six ans et n'a réglé aucun problème.»
Dans un discours devant la Chambre de commerce de Québec, la chef péquiste s'est attaquée au «préjugé aussi tenace qu'inexact» voulant que le Parti libéral gère mieux l'économie. «Nous avons toujours fait mieux en économie qu'un gouvernement du Parti libéral. Il y a un mythe qui est celui de dire : le gouvernement libéral connaît ça l'économie, il est bon, et le Parti québécois pas vraiment. Faites les comparaisons, faites les analyses. Vous allez voir que quand vous avez au pouvoir un gouvernement du Parti québécois, le Québec a progressé, s'est développé, les emplois se sont créés.»
Selon elle, «le gouvernement qui nous dirige prétend avoir bien géré le Québec. Moi je vous le dis, si vous gérez vos entreprises comme il gère l'État, vous ne passerez pas l'année sans que votre banquier vous mettes en faillite.»
Au moment où le Québec connaît un ralentissement économique, qu'»on est dans le creux de la vague», «les finances publiques sont dans un état très précaire».
Pauline Marois est revenue sur la lutte au déficit zéro et les mises à la retraite de milliers de médecins et d'infirmières de l'ancien gouvernement péquiste de Lucien Bouchard dont elle faisait partie. «Dimanche dernier, j'ai eu à évoquer des décisions difficiles que nous avons dû prendre durant les années 90. On a entendu des hauts cris. M. Charest s'est déclaré choqué, scandalisé du travail que nous avons fait à l'époque. Pourquoi s'attaque-t-il à ceux qui ont permis de sauver les finances publiques du Québec?» Mme Marois a souligné que le Parti libéral avait laissé à l'époque un déficit de six milliards de dollars et que Jean Charest, alors à Ottawa, «approuvait les coupures du gouvernement fédéral» de trois milliards.
Dans la lutte au déficit zéro, «je crois que nous avons fait preuve d'un sens des responsabilités, mais aussi de courage». Aujourd'hui, «Jean Charest a gaspillé l'héritage» du déficit zéro et «vidé le fonds de roulement».
Tommy Chouinard /La Presse