(Québec) Le cap Maillard de Petite-Rivière-Saint-François doit-il être rehaussé de 40 ou de 123 mètres? Les avis divergent sur ce qui doit être fait pour rendre conforme la piste de ski qui servirait à la descente masculine au cours d'éventuels Jeux olympiques.
La centaine de mètres de hauteur qui manquent pour atteindre le chiffre magique de 800 m exigé par le Comité international olympique (CIO) ne semble causer aucun problème au président et chef de l'exploitation de la station de ski du Massif, Claude Choquette. «On a effleuré ces possibilités (123 m). On s'est fait dire qu'on pourrait la rehausser entre 30 et 40 mètres et obtenir une dérogation du CIO comme ça s'est déjà fait par le passé. Il ne faut pas dévisager le paysage. C'est notre marque de commerce.»
C'est dire aussi que le travail était déjà amorcé avant même que Jean Charest ne déclare, lundi, son intention d'appuyer la candidature de Québec pour la présentation de futurs Jeux d'hiver.
Le Dr Fernand Labrie, qui était président du Comité Québec 2002, a continué d'oeuvrer au sein de l'Association de Québec pour le développement olympique (AQDO) après les deux aventures avortées pour obtenir les Jeux, l'autre étant Québec 2010. Il partage l'avis de M. Choquette, avec qui il travaille.
«C'est en train d'être évalué dans un groupe dans lequel je suis impliqué», confirme-t-il au Soleil, en parlant de la possibilité de rehausser la montagne. Lui aussi croit possible d'obtenir une dérogation du CIO. Quant au coût de l'opération, il n'a voulu avancer aucun chiffre.
Pour sa part, Marcel Aubut, qui a relancé l'idée de soumettre la candidature de Québec pour 2018 ou 2022 lors d'une récente visite dans la capitale du Comité olympique canadien (COC), avance le montant de 30 millions $, en actualisant une estimation faite lors des précédentes tentatives.
Selon lui, la question ne se pose pas sur la direction à prendre pour répondre à l'exigence olympienne. «Ce dossier est réglé. J'ai obtenu cet été l'assurance que le comité olympique acceptait les mêmes assurances qu'on leur avait données par le passé. Il faut rehausser la montagne de 123 mètres et tenir dans un premier temps une épreuve de la Coupe du monde de la Fédération internationale de ski (FIS) pour prouver qu'on répond aux normes.» Il faut savoir que la FIS exige aussi une hauteur de 800 m et n'accepte, pour sa part, aucune dérogation. En somme, ça serait la solution «blindée».
À court terme, un autre problème se pose. Actuellement, le Centre national d'entraînement de ski alpin créé en 2001 au coût de plus de 20 millions $, et que M. Labrie préfère maintenant appeler le Centre international de compétition, connaît des difficultés d'enneigement artificiel. Le réservoir d'eau ne fournit plus, comme en a déjà fait mention Le Soleil en 2007. Résultat, l'équipement est sous-utilisé. «Au lieu d'avoir quelque chose qui ne sert pas, on aurait quelque chose qui sert», affirme M. Labrie. Estimation de la mise à niveau : 5 millions $. M. Labrie mentionne, qu'à l'époque il fallait faire avec l'argent disponible et les difficultés éprouvées en cours de route.
Dans une perspective olympique, cette difficulté semble plus facile à surmonter. En ce moment, le centre peut recevoir des compétitions «régionales». C'est l'équivalent d'être dans la Ligue américaine de hockey alors qu'on veut accéder à la Ligue nationale, confirme un expert du domaine du ski.
Même s'il n'y a pas unanimité sur les moyens à déployer pour plaire au Comité olympique, chose certaine, toutes les personnes interrogées sont d'accord sur le fait qu'il faut aller de l'avant. Comme le dit M. Aubut, le désir de se lancer encore dans l'aventure olympique débute à peine. Tous devront donc s'entendre sur le plan de match à adopter.
À un «complexe G» des JO
Ce sont précisément 123 mètres, neuf de moins que l'édifice Marie-Guyart, qui manquent au cap Maillard du Massif de Petite-Rivière-Saint-François pour être à la hauteur de ses ambitions olympiques.
Actuellement, la hauteur de la Charlevoix, piste qui servirait à la présentation des épreuves de la descente féminine et masculine, totalise 677 m. C'est la dénivellation entre la ligne de départ et celle d'arrivée. D'où le déficit de 123 m. Le Comité international olympique (CIO) base ses exigences sur la norme du 800 m minimal édictée par la Fédération internationale de ski (FIS) dans ses épreuves de Coupe du monde.
Si le CIO peut autoriser une dérogation et permettre la présentation de l'épreuve même si la hauteur est inférieure à 800 m, la FIS n'abaisse jamais ses standards. C'est dire que les Jeux pourraient y être présentés, mais jamais une épreuve de Coupe du monde. Autre chiffre pertinent, la longueur de la piste totalise 2106 m.
Jean-François Néron
Le Soleil