(Drummondville) Les élus adéquistes font l'objet d'un maraudage féroce. Un organisateur libéral a tenté de débaucher le député Jean-François Therrien il y a une semaine, et le député péquiste Sylvain Simard, avant de se rendre au rassemblement de son parti à Québec, s'est arrêté à Drummondville, où l'ADQ tient son conseil général.
Jean-François Therrien dit avoir fait l'objet d'avances de la part du conseiller municipal de Terrebonne Marc Campagna, président de l'association libérale de cette circonscription. Cela se serait produit au gala du Griffon d'or, à Terrebonne, le 18 octobre, quelques jours seulement avant que les députés adéquistes André Riedl et Pierre Michel Auger n'annoncent leur défection au profit des libéraux.«Il m'a approché en disant : tu sais, il y a toujours de la place chez nous, on est accueillants.
Tu ne seras probablement pas élu (aux prochaines élections, sous la bannière libérale), mais ça contient d'autres avantages», a raconté Jean-François Therrien à La Presse.
M. Campagna «n'a pas mis d'argent sur la table», mais il aurait laissé entendre que le PLQ allait être «reconnaissant». Jean-François Therrien a compris que M. Campagna lui parlait d'un renvoi d'ascenseur. Un emploi, dans la fonction publique ou ailleurs, lui a-t-il été promis? «Il n'a pas dit ça comme ça, il a parlé d'avantages. Ce n'était pas précis, mais on comprend le message», a-t-il répondu.
La discussion fut brève parce que M. Therrien aurait refusé tout de suite. Il trouve surprenante la démarche de l'organisation libérale. Une candidate, Chantal LeBlanc, travaille depuis longtemps pour représenter à nouveau le PLQ dans Terrebonne aux prochaines élections. «C'est dommage pour elle. Quel respect ils ont pour elle quand ils sont prêts à faire des offres?» a-t-il lancé.La Presse a tenté, sans succès, de joindre M. Campagna. Une demande acheminée au quartier général du PLQ est restée lettre morte.
Le PQ en maraudage
Par ailleurs, en matinée hier, le péquiste Sylvain Simard a été aperçu à Drummondville, dans le restaurant d'un hôtel non loin de celui où sont réunis les militants de l'ADQ. Pauline Marois se dit prête à accueillir à bras ouverts d'éventuels transfuges, et le député de Richelieu invite depuis des jours les élus de l'ADQ à sauter la clôture pour se joindre au PQ, mais il a nié que son passage à Drummondville constitue une tentative de maraudage ou un geste de provocation. Cela n'avait, selon lui, «aucun rapport avec l'ADQ». «Je n'ai parlé à aucun adéquiste. Je vais souvent à Drummondville. C'est près de ma circonscription», a-t-il expliqué à La Presse.
La nouvelle de la présence de M. Simard à Drummondville s'est répandue comme une traînée de poudre au conseil général de l'ADQ.
Elle a sidéré l'entourage du chef Mario Dumont.«En campagne électorale, les péquistes ont dit qu'on était des gens qui n'avaient pas de compétences, et là, ils se mettent à nous courir après. Je pense que M. Simard n'aura pas beaucoup de succès», a affirmé le député Sébastien Schneeberger.
Au conseil général, les députés adéquistes, du moins ceux qui ont accepté de parler aux médias, ont juré qu'ils résisteront au chant des sirènes libérales et péquistes. «On m'a cruisé, comme on dit. Mais je suis marié et fidèle», a résumé le député de L'Assomption, Éric Laporte. La Presse a rapporté hier que M. Laporte et son collègue de Berthier, François Benjamin, avaient été courtisés par le PQ dans les dernières semaines.
Les convictions d'abord
À la suite de deux défections dans ses rangs, et au moment où le PLQ et le PQ ont un oeil sur ses députés, le chef Mario Dumont a affirmé à ses militants : «Il est plus important que jamais de se rappeler le sens profond de l'engagement politique.»
«Je suis très fier d'appartenir à une formation où les sondages n'ont pas remplacé les convictions», a-t-il dit dans son discours d'ouverture du conseil général.Comme pour convaincre ses militants de tenir le coup malgré les turbulences, le chef adéquiste a lancé: «Vous êtes porteurs de rêves et vous n'êtes pas capables de vous résigner. Vous venez vous battre avec un parti qui a des convictions réelles.»
M. Dumont a eu droit à une longue ovation.
Tommy Chouinard /La Presse