Le mini baby-boom se confirme

Pour la cinquième année consécutive, le nombre de naissances est en hausse au Québec. L'an dernier, il y a eu 84 200 naissances, une hausse de 3% par rapport à 2006, montrent les derniers chiffres de l'Institut de la statistique du Québec. Le mini baby-boom amorcé en 2003, et qui a connu un sommet en 2006, devient donc une tendance démographique solide.

En cinq ans, le volume des naissances au Québec aura augmenté de 16%. «C'est beaucoup. Mais ce n'est pas un record: à la fin des années 80, la hausse avait été de 17% en seulement trois ans», souligne Chantal Girard, démographe à l'ISQ. L'indice de fécondité atteint donc 1,65 enfant par femme en 2007. Pendant cinq ans, entre 1998 et 2004, l'indice a été inférieur à 1,5 enfant par femme.

Malgré ces chiffres, Chantal Girard hésite quand on lui demande si on peut qualifier la tendance des dernières années de baby-boom. «Je n'aime pas beaucoup utiliser ce terme, qui fait référence à une époque où on comptait quatre enfants par femme. Mais oui, c'est cinq années de hausse. Ce n'est pas encore des niveaux faramineux, mais c'est clairement un changement dans la tendance établie depuis la fin des années 80.»

En fait, cette hausse des naissances est le résultat d'un phénomène combiné, d'une «superposition de générations», dit la démographe.

Les femmes de plus de 30 ans font beaucoup plus d'enfants: c'est dans cette catégorie d'âge que le taux de fécondité a le plus augmenté. Globalement, entre 2000 et 2007, les femmes de 30 à 34 ans ont fait 30% plus d'enfants et les femmes de 35 à 44 ans, 60%. Ces femmes ont parfois un premier enfant, mais souvent un second ou même un troisième: les naissances de troisième rang et plus on connu une hausse de 6% depuis l'an dernier.
Mais ce «rattrapage» chez les femmes un peu plus âgées se double, et c'est la grande nouveauté de 2007, à un inversement de la tendance à la baisse de la fécondité chez les femmes de 24 à 28 ans. «Ça fait 15 ans qu'on n'a pas vu ça», dit Mme Girard.

«C'est ce qui a conduit à l'effet de boom. Il y a deux générations à l'oeuvre en même temps. Mais la grande question c'est: est-ce que les femmes de la génération des 24-28 ans vont avoir plus d'enfants, ou elles vont simplement les avoir plus jeunes?»

«En 2002, au Québec, on était vraiment sur une tendance de 1,5 enfant par femme et on se demandait bien ce qui pourrait faire bouger ça», dit Mme Girard. Et qu'est-ce qui a fait «bouger ça?» Difficile à dire. Les programmes gouvernementaux - garderies à tarif réduit et assurance parentale - qui ont vu le jour dans les 10 dernières années, ont pu avoir un impact. De même, souligne Mme Girard, que la situation de l'emploi, qui était excellente dans ces années de prospérité économique.

Il faut cependant noter qu'avec ces chiffres, le Québec est encore très loin de la plupart des pays européens, comme la France ou les pays scandinaves, qui affichent tous un taux de natalité de plus de 1,8. Dans le monde occidental, seuls nos voisins américains atteignent le taux officiel de renouvellement de la population, qui se situe à 2,1 enfants par femme.

ABC de la démographie québécoise 2007

La population du Québec est estimée à 7 716 500 personnes au 1er janvier 2008, soit 59 300 habitants de plus qu'en 2007.
Il y a eu 84 200 naissances et 56 100 décès en 2007. Il y a aussi 39 000 immigrants de plus qu'en 2006, mais 13 000 Québécois sont partis pour les autres provinces canadiennes. Au net, le bilan migratoire s'établit donc à 26 000 personnes de plus sur le territoire québécois. Le Maroc, la France et l'Algérie sont les trois principaux pays d'origine des nouveaux arrivants au Québec.

L'espérance de vie à la naissance passe à 78,3 ans chez les hommes et à 83,2 ans chez les femmes. Depuis 7 ans, l'espérance de vie a augmenté de 24 mois chez les hommes et de 16 mois chez les femmes.

Il y a eu 22 000 mariages en 2007, le même nombre que les deux années précédentes, dont 500 chez les conjoints de même sexe, par rapport à 600 en 2006.

Katia Gagnon / La Presse