Une découverte de l'Université McGill pourrait permettre de concevoir de nouveaux traitements contre l'obésité chez l'humain.
Le spécialiste du contrôle de la division cellulaire Richard Roy et ses collègues ont observé pour la première fois, chez un ver rond, une mutation qui favorise le métabolisme du gras au lieu de son entreposage.
Quand la nourriture devient rare, les larves de Caenorhabditis elegans adoptent une voie parallèle de développement appelée dauer larva qui leur permet de ralentir leur métabolisme et de survivre longtemps sans nourriture.
Pendant ce stade, elles mettent en veilleuse tout ce qui est énergivore, à savoir la recherche de nourriture, la division cellulaire et la reproduction.
— Richard Roy
Le C. elegans maintient toutefois un certain degré de mobilité, contrairement aux autres organismes qui hibernent. Il constitue entre autres des réserves énergétiques sous forme de lipides dans des cellules spéciales ou réserves.
Cette énergie lui permet de survivre jusqu'à six mois sans s'alimenter, au lieu de deux semaines en temps normal.
Une mutation particulière
Le ver porteur d'une mutation récemment découverte meurt toutefois dans la semaine qui suit le passage au stade dauer larva.
D'une certaine manière, ces mutants ne parviennent pas à suspendre le processus de division cellulaire, et c'est précisément pour cette raison que nous les avons remarqués.
— Richard Roy
Le chercheur soutient cependant que ce n'est pas ce qui cause leur mort.
Ils ne sont simplement pas capables d'ajuster leur métabolisme. Ils parviennent bien à entreposer des réserves de lipides pour six mois, mais dès qu'ils entrent dans le stade dauer, ils les brûlent en quelques jours.
Une enzyme clé
Il leur manque, selon Richard Roy, l'enzyme qui bloque l'activité d'un important triglycéride lipase. En l'absence de cette régulation, cette lipase brûle toutes les graisses qu'elle rencontre et détruit les réserves énergétiques du ver.
Cette découverte est presque accidentelle. Richard Roy mène habituellement des recherches pour identifier les cellules qui désobéissent aux signaux cellulaires dans le contexte du cancer.
Richard Roy l'attribue en grande partie à son étudiant au doctorat et auteur principal de l'étude, Patrick Narbonne.
Les deux chercheurs pensent que leurs travaux doivent être approfondis, et qu'ils pourraient avoir d'importantes retombées à long terme sur la santé humaine.
Ils pensent qu'il est possible d'agir sur le processus normal de régulation de ces enzymes. Des médicaments capables d'exécuter sélectivement cette fonction dans les tissus adipeux permettraient d'en absorber la graisse.
Il sera fascinant de voir si cette avenue du contrôle du stockage d'énergie et de la longévité chez le C. elegans peut jouer un rôle semblable chez l'humain. Les retombées pour les patients souffrant d'obésité ou de diabète pourraient être d'une grande portée.
— Dr Robert Sladek, Département de génétique humaine de McGill
Le détail de cette étude, financée par la Société canadienne du cancer et les Instituts de recherche en santé du Canada, a été publié dans la revue Nature .
-Radio-Canada