Fort de son acquittement pour le meurtre du policier Daniel Tessier, Basil Parasiris vient d'intenter une poursuite civile de 1,5 million contre la police de Laval et le procureur général du Québec. Outre de substantiels dommages pour sa famille et lui, il réclame le remboursement intégral des frais engagés pour sa défense.
Dans sa poursuite, il invoque «l'intrusion fautive» de la police de Laval, à qui il attribue une série d'erreurs, allant d'un mandat de perquisition injustifié et illégal à une opération désordonnée. Il qualifie la perquisition de son domicile de «littéralement monstrueuse et sauvage, et manifestement abusive et contraire à la Charte canadienne des droits et libertés».
Le résidant de Brossard a abattu le policier au cours d'une perquisition de son domicile, vers 5h10 le matin du 2 mars 2007. Dans les secondes précédentes, la porte de son domicile a été défoncée à coups de bélier, et neuf policiers sont entrés dans la maison.
Émergeant brutalement de son sommeil, avec sa femme qui criait à ses côtés, M. Parasiris a tiré sur la silhouette (Daniel Tessier) qui est apparue dans l'embrasure de sa porte de chambre. Il ignorait qu'il s'agissait d'un policier, a-t-il toujours soutenu. Une fusillade désordonnée et une totale cacophonie ont suivi. Sa femme, Panegiota Gounis, a été blessée par balle à un bras.
La SQ et la Couronne accusées
Outre la police de Laval, M. Parasiris vise dans sa poursuite la Sûreté du Québec, qu'il accuse de «négligence» lors de l'enquête, ainsi que la Couronne, pour avoir maintenu «contre vents et marées» une accusation de meurtre prémédité contre lui. Les faits n'appuyaient pas une telle accusation, insiste-t-il.
Il signale que cette accusation, la plus grave du Code criminel, l'a contraint à débourser 284 761,73$ en honoraires judiciaires, dont près de 170 000$ pour son avocat, Jacques Larochelle. Au bout du compte, M. Parasiris réclame un peu plus d'un million de dollars à la police de Laval, et 500 000$ au procureur général.
Rappelons que, lors du procès présidé par le juge Guy Cournoyer au palais de justice de Longueuil, en mai dernier, le jury n'a jamais su pourquoi la police avait perquisitionné la maison de M. Parasiris. En fait, il était soupçonné de tremper dans le trafic de stupéfiants. D'ailleurs, M. Parasiris a lui-même admis, dans une déclaration suivant son arrestation, qu'il faisait du trafic depuis un certain temps, pour payer ses dettes.
Par ailleurs, au moment de la perquisition, il avait quatre armes chargées chez lui, placées à des endroits différents. Trois d'entre elles avaient été acquises sur le marché noir, et l'autre, le Ruger Magnum .357 qui a servi à tuer l'agent Tessier, était mal enregistrée. Il est toujours sous le coup de neuf accusations de possession et de mauvais entreposage d'armes à feu. Il s'est engagé à plaider coupable, mais ce n'est pas encore fait.
Christiane Desjardins /La Presse