(Québec) Une dizaine de circonscriptions détenues par des députés péquistes sont menacés de basculer dans le giron libéral en raison de l'effondrement des appuis à l'ADQ, révèle une compilation interne du Parti québécois obtenue par La Presse.
En revanche, la disparition des adéquistes dans la couronne nord de Montréal et dans Lanaudière permettra à Pauline Marois de reconquérir ces circonscriptions traditionnellement péquistes, observe la même liste.
La campagne péquiste a fait son deuil de la région de Québec, où seule Agnès Maltais l'emporterait, et de Laval, où les libéraux rafleraient toutes les circonscriptions.
De plus, le PQ s'attend à perdre Crémazie dans l'île de Montréal. La femme de Jacques Parizeau, Lisette Lapointe, l'avait emporté par 170 voix seulement en 2007 sur la députée libérale Michèle Lamquin-Éthier. Les 5540 voix obtenues par l'adéquiste Geneviève Tousignant avaient pesé lourd. Mais les appuis à l'ADQ ont fondu à Montréal et, deux fois sur trois, ses supporters vont au Parti libéral.
Pauline Marois entreprend ce matin une tournée dans l'est du Québec. Elle s'arrêtera aux Îles-de-la-Madeleine, à Gaspé, à Matane et au Saguenay.
Un coup d'oeil à la liste du PQ explique facilement ce choix. Les péquistes craignent de perdre la circonscription de Gaspé aux mains du libéral George Mamelonet, maire de Percé qui était venu à 640 voix de battre le populaire péquiste Guy Lelièvre en 2007. Celui-ci, élu depuis 14 ans, a annoncé son départ en début de campagne, ce qui a pris de court son parti.
À Matane, le jeune Pascal Bérubé avait eu seulement 213 voix d'avance sur la libérale Nancy Charest, qui vient de faire une bonne performance pour les libéraux fédéraux dans la circonscription. Des organisateurs libéraux sont toutefois sceptiques sur la capacité du PLQ à reprendre cette circonscription.
Aux Îles-de-la-Madeleine, le départ de Maxime Arseneau est un coup dur pour le PQ. Il avait battu le ministre libéral George Farrah par 2000 voix. Cette fois, le candidat libéral Ghislain Chevarie est avantageusement connu comme directeur général de l'hôpital.
Au Saguenay
Par la suite, Mme Marois se rend au Saguenay où, selon la liste péquiste, la circonscription de Dubuc est déjà passée aux libéraux. Ceux-ci ont trouvé en Serge Simard un candidat régional bien connu.
La disparition de l'ADQ n'augure, encore ici, rien de bon pour le péquiste André Michaud.
Jonquière est aussi un problème pour l'organisation Marois. Sylvain Gaudreault, un professeur de cégep l'avait emporté par 1700 voix sur la ministre libérale Françoise Gauthier en 2007. Mais l'ADQ avait arraché alors 6600 voix qui devraient passer en majorité aux libéraux.
Dans Chicoutimi, le député péquiste Stéphane Bédard n'est pas en danger.
Avant la fin de la campagne, Mme Marois se rendra de nouveau en Abitibi. Dans Rouyn, le PQ anticipe une perte. Johanne Morasse l'avait emporté par seulement 129 voix en 2007. Les 7600 électeurs adéquistes d'il y a 18 mois risquent de faire gagner le libéral Daniel Bernard. Même topo dans Abitibi-Est où le député péquiste algonquin Alexis Wawanoloath n'avait que 717 voix d'avance sur le ministre libéral Pierre Corbeil. L'ADQ avait obtenu 5000 voix. Les péquistes croisent les doigts en misant sur une mobilisation nouvelle des autochtones qui, habituellement, boudent les urnes habituellement.
Le PQ retrouve ses circonscriptions
La disparition des adéquiste aura un effet bénéfique pour le PQ dans d'autres régions. Habituel château fort nationaliste, Lanaudière reviendra dans le giron péquiste, après 18 mois de règne adéquiste. Cette région est sous le contrôle de François Legault et les candidats du PQ qui s'y présentent échappent au contrôle de Pauline Marois et de sa garde rapprochée.
Ainsi, dans Terrebonne, Mathieu Traversy, longtemps en guerre contre la députée Jocelyne Caron, s'est faufilé jusqu'à la candidature en dépit de Pauline Marois. Dans Masson, Guillaume Tremblay a battu à l'assemblée de mise en candidature l'ancien député péquiste Luc Thériault.
Dans Joliette, Véronique Hivon va l'emporter, prédit la liste péquiste. Cette candidate à la feuille de route bien garnie avait été envoyée à la casse contre le Dr Philippe Couillard dans Jean-Talon en 2007.
Dans L'Assomption, Pauline Marois est parvenue cette fois à verrouiller la candidature péquiste avec Scott McKay. L'adéquiste Éric Laporte l'avait emporté par 2200 voix en 2007, mais avec l'effondrement de l'ADQ, la circonscription devrait revenir au PQ.
Le PQ a aussi bon espoir de reprendre Chambly et Iberville sur la rive sud de Montréal, Champlain en Mauricie et Drummond dans le Centre-du-Québec.
Denis Lessard /La Presse