De plus en plus de familles font appel aux banques alimentaires pour garnir leur garde-manger. En Outaouais, leur nombre a grimpé de 9 % entre 2007 et 2008, ce qui signifie que 31 000 personnes vivent cette réalité dont près de la moitié sont des enfants.
À l'échelle de la province, on constate une augmentation de 8 % du nombre de familles qui ont recours à cette forme de dépannage, selon l'étude Bilan faim 2008 publiée hier, par l'Association québécoise des banques alimentaires et des moissons en partenariat avec Banques alimentaires Canada. Le pourcentage des familles québécoises qui comptent sur une aide alimentaire est passé de 22,4 % en 2007, à 30,6 % en 2008.
Le rapport souligne également que 14 % des travailleurs au Québec qui gagnent un revenu modique se tournent vers les banques alimentaires. Cette proportion grimpe à 17 % dans la région.
Jean Pigeon, directeur de Moisson Outaouais, explique cette situation par les nombreuses fermetures enregistrées dans le secteur forestier en milieu rural. Les travailleurs doivent alors chercher un travail dans d'autres domaines comme le commerce au détail, où les salaires sont la moitié moindre. « Nous sommes une région d'extrêmes. D'un côté, il y a la prospérité avec la présence de la fonction publique et de l'autre, il y a le reste de la main-d'oeuvre qui est durement touchée. »
Cinq jours par mois
Il rappelle que le dépannage est une mesure qui dure cinq jours par mois alors que la faim sévit 365 jours par année. Le bilan souligne également qu'en 10 ans, le recours aux banques a connu une hausse de 6 % au pays alors que la situation économique était relativement bonne.
Moisson Outaouais signale que les personnes âgées font de plus en plus appel aux banques avec une augmentation de leur nombre qui atteint 72 % au cours des 12 derniers mois.
À l'approche du temps des Fêtes, les différents organismes qui viennent en aide aux plus démunis n'ont jamais vu leurs tablettes aussi vides, déplore Jean Pigeon. Selon lui, l'incertitude économique n'est pas étrangère à cette situation.
Les banques alimentaires exigent un plus grand engagement du fédéral, notamment en mettant en oeuvre une stratégie nationale de lutte contre la faim et en augmentant les prestations fiscales pour les travailleurs qui touchent le salaire minimum et pour les enfants. « Ces quelques mesures auraient certainement un impact direct sur les demandes d'aide », croit le directeur de Moisson Outaouais.
Caroline Barrière /Le Droit