Le procès de participants au meurtre de la journaliste russe Anna Politkovskaïa a été rouvert au public mardi, a déclaré l'avocat d'un accusé, qui a aussi révélé que, selon l'accusation, le crime a été ordonné en Russie pour des articles critiquant une figure politique russe.
«Le juge a lui-même soulevé cette question, et il a été décidé que le procès serait ouvert» au public, a déclaré à des journalistes Me Mourad Moussaïev, l'avocat de l'un des quatre complices du meurtre jugés devant un tribunal militaire de Moscou.
Le juge Evguéni Zoubov avait prononcé le huis clos le 19 novembre, justifiant sa décision par une demande transmise par les jurés qui craignaient pour leur sécurité. L'un des jurés était ensuite intervenu dans les médias assurant que jamais ses collègues et lui n'avaient présenté une telle demande.
Par ailleurs, Me Moussaïev avait indiqué quelques minutes plus tôt à la presse que l'acte d'accusation désignait un homme politique non identifié en Russie comme le commanditaire du crime. Le Parquet avait affirmé durant l'enquête que le meurtre avait été ordonné depuis l'étranger.
«Au tribunal, dans les conclusions de l'accusation, ce n'est pas le cas, (il ne s'agit pas de) quelqu'un de si puissant, de si terrible, mais d'un acteur politique à l'intérieur du pays», a déclaré l'avocat, ajoutant cependant ne pas savoir «de qui il s'agit».
«Dans les dossiers de l'affaire apparaissent le motif et le commanditaire, du moins la seule cause de commanditer (le meurtre): des reportages présentant de manière critique certains acteurs politiques», a-t-il ajouté.
Anna Politkovskaïa, une des rares journalistes russes à avoir dénoncé les atteintes aux droits de l'Homme en Russie, notamment en Tchétchénie, a été assassinée le 7 octobre 2006 dans le hall de son immeuble à Moscou.
Le procès des participants présumés au meurtre s'est ouvert dans la capitale russe le 17 novembre devant un tribunal militaire, en l'absence du commanditaire et du tireur. Ce dernier serait en fuite à l'étranger.
Agence France-Presse /Moscou