(Ottawa) Le gouvernement Harper a l'intention de consacrer le plus clair de son temps et de ses énergies au cours des prochains mois à s'occuper de l'économie canadienne, durement malmenée par la tempête financière qui secoue la planète.
Cette obsession pour l'état de santé de l'économie sera visible dans le discours du Trône du gouvernement qui sera présenté au Sénat demain, ont indiqué hier des proches collaborateurs du premier ministre Stephen Harper.
Les autres questions comme la lutte contre le crime ou la réforme des institutions canadiennes comme le Sénat, par exemple, demeurent importantes, mais elles seront reléguées au deuxième rang, a-t-on fait savoir hier.
«La majorité des décisions que prendra le gouvernement porteront sur des mesures financières et économiques en ces temps d'incertitude», a expliqué hier un proche collaborateur de M. Harper sous le couvert de l'anonymat.
Après une campagne électorale de 37 jours âprement disputée et des élections qui ont reporté les conservateurs au pouvoir avec une minorité plus importante des sièges à la Chambre des communes, les députés convergent vers le Parlement aujourd'hui.
L'unique tâche à l'ordre du jour des députés aujourd'hui sera d'élire un nouveau président. Six candidats, dont le président sortant Peter Milliken, député libéral de Kingston-Les-Îles depuis 1988, sont en lice.
Fait sans précédent, c'est un député souverainiste, le député du Bloc québécois Louis Plamondon, qui présidera cette première séance des Communes puisqu'il est maintenant le doyen des députés à Ottawa. M. Plamondon a été élu pour la première fois en 1984 sous la bannière du Parti progressiste-conservateur et il a joint les rangs du Bloc québécois en 1990 après l'échec de l'accord constitutionnel du lac Meech en juin de la même année.
Le vrai travail commence toutefois demain après-midi avec la lecture du discours du Trône au Sénat par le gouverneur général Michaëlle Jean. En général, ce discours sert à préciser les intentions du gouvernement durant les prochains mois.
Mais compte tenu de l'ampleur de la crise financière qui affecte toutes les économies, ce discours portera longuement sur l'état de santé de l'économie canadienne et des mesures qu'entend prendre le gouvernement conservateur de Stephen Harper pour éviter le pire.
«Le discours du Trône portera largement sur la question de l'économie. Tous les partis politiques partagent la même préoccupation au sujet de la santé de notre économie», a-t-on affirmé dans l'entourage de M. Harper.
Suffisant
Cette obsession au sujet de l'économie devrait en principe être suffisante pour convaincre au moins un parti de l'opposition de voter pour du discours du Trône la semaine prochaine. Ce vote en est un de confiance pour le gouvernement minoritaire conservateur.
Tout indique par ailleurs que le gouvernement ne jouera pas à l'autruche pour ce qui est de la situation des finances publiques dans son discours du Trône. Le ministre des Finances, Jim Flaherty, prévoit toujours un surplus modeste au cours du présent exercice financier qui prend fin le 31 mars 2009. Mais il laisse de plus en plus entendre que le gouvernement affichera un premier déficit en 11 ans au cours de l'exercice 2009-2010.
M. Harper lui-même a averti les Canadiens, à l'occasion d'un discours devant quelque 2000 militants conservateurs réunis à Winnipeg jeudi soir, que la tempête financière qui secoue la planète et qui nuit à l'économie canadienne est loin d'être terminée. D'autres nuages risquent d'assombrir encore le portrait avant que l'on voit une éclaircie poindre à l'horizon, a-t-il déclaré sans détour.
Le ministre Flaherty doit faire une mise à jour économique et financière avant la fin novembre.
M. Harper a participé en fin de semaine à une réunion des pays membres du G20 afin de discuter des mesures que les gouvernements doivent prendre pour éviter qu'une telle crise ne se reproduise et des mesures qui pourraient être prises collectivement pour stimuler l'économie.
Un proche collaborateur de M. Harper a indiqué hier que le déficit pourrait être plus important si le gouvernement canadien décide de participer à l'effort mondial pour stimuler l'économie. M. Harper a d'ailleurs informé les premiers ministres des provinces hier des résultats du sommet du G20 durant une conférence téléphonique.
Joël-Denis Bellavance /La Presse