(Québec) Député adéquiste de Beauce-Sud depuis 2007, Claude Morin a trouvé une façon pour le moins inusitée de financer sa campagne électorale. Inusitée et peut-être même illégale.
Le député offre à ceux qui sont prêts à lui donner 400 $ des bons de 100 $ échangeables à la Société des alcools locale, à une station-service et à un restaurant du coin. Sur le site du candidat Morin, approuvé par son agent officiel, on trouve facilement les façons «d'appuyer Claude» dans un onglet bien en vue. Rapidement, on suggère de contribuer au financement de la campagne de l'adéquiste. Acheter une carte de membre, 15 $ pour trois ans, rien de plus légitime.
Par la suite, cela se complique un peu mais, encore là, rien de surprenant. Toute contribution politique est remboursée aux trois quarts en déduction fiscale, jusqu'à concurrence de 400 $. Par exemple, si un citoyen donne 100 $, l'État lui accorde une déduction fiscale de 75 $ quand il remplit sa déclaration de revenus.
Pour un don de 400 $, la déduction fiscale atteint 300 $ ; la contribution est donc de 100 $. Par la suite, rien ne va plus : on indique qu'une contribution de 400 $ ne coûtera rien à l'électeur. «Coût réel de 0 $ après certificat-cadeau de 100 $ au choix», précise-t-on.
Ces chèques cadeaux sont remboursables à la SAQ, au garage Irving Armand Nadeau ou au restaurant La Maison Vinot, à Saint-Georges-de-Beauce.
«C'est une chose qu'il faudrait regarder de près», a estimé hier soir le directeur général des élections, Marcel Blanchet. Sa préoccupation vient du fait que ce sont des entreprises qui ont l'air de contribuer indirectement à la caisse du candidat Morin. En remboursant 100 $, la Maison Vinot se trouve à contribuer au trésor de guerre de l'ADQ, ce qui n'est pas permis à une entreprise. Seuls les électeurs peuvent offrir une contribution.
Du côté de l'ADQ, l'organisateur Patrick Robitaille explique que, depuis un bon moment, l'ADQ a créé des «clubs 400» pour les sympathisants prêts à verser 400 $ à la caisse de l'ADQ. Ces membres ont droit, comme c'est le cas dans d'autres partis, à un cocktail, ou même à un repas en présence du chef du parti. Or, le coût de ces repas ou de ces réceptions doivent être déduits des recettes obtenues. Pour M. Robitaille, le candidat Morin a trouvé une variante de cette formule en remboursant les coupons de réduction aux commerçants. «Il n'y a rien d'illégal, le 100 $ est remboursé par l'organisation locale aux commerces. Ce n'est pas différent d'inviter les gens à un tournoi de golf ou à manger des petites bouchées !»
Denis Lessard /La Presse